L'homme et la vulnérabilité
Plusieurs mythes circulent sur les agressions sexuelles vécues par les hommes, comme le fait que les hommes sont « chanceux » s’ils se sont fait agresser par une femme, ou encore qu’ils étaient consentants s’ils ont eu une érection. Faisons le point pour démêler le vrai du faux.
Connaître les réponses à ces questions contribue à enlever beaucoup de sentiment de culpabilité et d’aider au cheminement des hommes ayant vécu des agressions sexuelles.
MYTHE : Si un garçon ou un adolescent se fait abuser par une femme, il devrait se considérer chanceux d’avoir été initié aux relations sexuelles avec une femme d’expérience.
Réalité : Que l’agresseur soit un homme ou une femme, les garçons agressés sexuellement vivent le même traumatisme. Quand l’agresseur est une femme, la victime vit avec la peur de ne pas être cru ou d’être ridiculisé. Aucune agression ne devrait être banalisée.
MYTHE : Les femmes vivent plus souvent des abus sexuels que les hommes.
Réalité : Bien que la prévalence soit deux fois plus grande , un homme sur six sera victime d’agression sexuelle au cours de sa vie. Notons que les statistiques sur les agressions sexuelles chez les hommes ne feraient qu’effleurer la pointe de l’iceberg du nombre d’infractions réelles chez les hommes, sachant que c’est l’un des crimes les moins dénoncés.
Source : Gouvernement du Québec, Orientations gouvernementales en matière d’agression sexuelle, Québec, 2001
MYTHE : À l’âge adulte, un homme a la capacité de se défendre lors d’un abus sexuel.
Réalité : Les agresseurs, hommes et femmes, utilisent plusieurs techniques pour arriver à leurs fins et faire en sorte que leur victime se trouve incapable de se défendre. L’homme agressé peut rester figé par la peur, craindre les menaces de son agresseur ou de son agresseuse et redouter une plus grande violence s’il résiste.
MYTHE : 60% des agresseurs sexuels sont des hommes.
Réalité : La majorité des agresseurs sont des hommes. Mais une vaste enquête a relevé que 40% des hommes abusés sexuellement le seraient par des femmes.
Source : Cortoni, Franca,Babchishin, Kelly M. et Rat, Clémence (2016). “The proportion of sexual offenders who are female is higher than thought”. Criminal Justice and Behavior, 20(10), 1-18.
MYTHE : Les troubles alimentaires chez les hommes victimes d’abus sexuel ne peuvent avoir de lien avec leurs passé.
Réalité : L’éventail des conséquences d’un abus sexuel est vaste et peut avoir des répercussions au niveau physique, psychologique, sexuel, social et comportemental. Entre autres, les troubles alimentaires peuvent avoir été une stratégie de survie mise en place suite à un abus sexuel afin de se protéger au quotidien.
MYTHE : Un homme a toujours envi de sexe.
Réalité : Penser que l’homme a obligatoirement tout le temps envie de faire l’amour tandis que la femme beaucoup moins, c’est mettre chaque sexe dans une case de manière extrêmement stéréotypée. Chacun construit son désir sexuel et possède sa propre manière de le manifester.
MYTHE : Un homme ne dévoile pas par peur d’être étiqueté comme homosexuel.
Réalité : Il peut arriver que l’homme se questionne sur son orientation sexuelle; plusieurs victimes croient à tort qu’ils ont quelque chose en eux qui attire les hommes et qu’ils doivent être homosexuels ou efféminés. L’agression sexuelle est un acte de pouvoir qui n’a rien à voir avec avec l’attirance et la séduction.
MYTHE : Les hommes ne signalent pas les abus sexuels parce qu’ils ne sont pas affectés par celles-ci de la même manière que les femmes.
Réalité : Bien que la littérature scientifique tend à identifier des similitudes concernant les impacts des agressions sexuelles chez les hommes et les femmes, il existe de nombreux obstacles au dévoilement chez les hommes. Entre autres, la honte, la peur de ne pas être cru, d’être blâmés ou de recevoir des réactions négatives et la confrontation avec leur identité masculine peuvent être des freins au dévoilement. Et malheureusement, des mythes doivent encore être déconstruits dans notre culture sur la représentativité des “hommes-agresseurs” et “femmes-victimes” afin d’être plus inclusifs.
Source : S.Dussault, ROQHAS,Portrait des services et des besoins 2022-2023
MYTHE : S’il a ressenti de l’excitation au moment de l’événement, ce n’est pas une agression.
Réalité : C’est ce que l’agresseur ou l’agresseuse fera croire à la victime. Cela entraîne beaucoup de confusion, de culpabilité et de honte chez le survivant. L’érection et l’éjaculation sont des réactions mécaniques normales à une stimulation physique qui n’ont rien à voir avec la participation volontaire de l’homme agressé.
MYTHE : Un homme en colère, c’est un homme violent.
Réalité : La colère n’est pas synonyme de violence : il y a une différence entre l’émotion de colère et le comportement de violence.La colère est un message nécessaire que nous envoie le corps mais qu’on sait mal décoder. Elle nous fait parfois faire et dire des choses que nous regretterons après. Le problème n’est jamais l’émotion de colère en soi, mais la manière dont est manifestée la colère, qui parfois passe par la violence.